Janvier 2002, les euros remplaçaient les francs dans nos porte-monnaie. Les prix affichés étaient loin d’être ronds car il s’agissait juste d’une conversion de monnaie. Ça n’a pas duré (et on s’en doutait) il suffit de prendre, à présent, n’importe quel prospectus de pub pour voir s’afficher les “seulement 499,90€” pour une télé (au hasard, Balthazar).
Il m’arrive parfois de faire la conversion : tiens une paire de chaussures à 79€ (ça nous fait quand même plus de 500 balles pour des pompes même pas haut-de-gamme, faut pas déconner...) Et la bouffe ? Un pain un peu spécial c’est 10 francs. Vous auriez mis 10 francs dans un pain fantaisie ? Un paquet de clopes (pas bien) : 37 francs. Par contre mon salaire est bloqué depuis 2006 (je vous le donne en francs et vous faites la conversion en euros ?)
Bref, 2005, référendum pour le traité établissant une constitution pour l’Europe. A l’époque, par le biais de mon blog je m’étais écharpée (des échanges bien vigoureux) car j’avais publié la lettre “l’Europe des crétins” de Michel Onfray avec des jeunes gens aux Weston bien cirées...
Pour mémoire, je remet la lettre : (et après on cause)
L’Europe des crétins
Les gens qui vont voter Non à la constitution européenne sont des crétins, des abrutis, des imbéciles, des incultes. Petit pouvoir d'achat, petit cerveau, petite pensée, petits sentiments. Pas de diplômes, pas de livres chez eux, pas de culture, pas d'intelligence. Ils habitent en campagne, en province. Des paysans, des pécores, des péquenots, des ploucs. Ils n'ont pas le sens de l'Histoire, ne savent pas à quoi ressemble un grand projet politique. Ils ignorent le grand souffle du Progrès. Ils crèvent de peur. Jadis, ces mêmes débiles ont voté non à Maastricht ignorant que le oui allait apporter le pouvoir d'achat, la fin du chômage, le plein emploi, la croissance, le progrès, la tolérance entre les peuples, la fraternité, la disparition du racisme et de la xénophobie, l'abolition de toutes les contradictions et de toute la négativité de nos civilisations post-modernes, donc capitalistes, version libérale.
L'électeur du Non est populiste, démagogue, extrémiste, mécontent, réactif. C'est le prototype de l'homme du ressentiment. Sa voix se mêle d'ailleurs à tous les fascistes, gauchistes, alter mondialistes et autres partisans vaguement vichystes de la France moisie, cette vieille lune dépassée à l'heure de la mondialisation heureuse. Disons le tout net : un souverainiste est un chien.
En revanche, l'électeur du Oui est génial, lucide, intelligent. Gros carnet de chèque, immense encéphale, gigantesque vision du monde, hypertrophie du sentiment généreux. Diplômé du supérieur, heureux possesseur d'une bibliothèque de Pléiades flambant neufs, doté d'un savoir sans bornes et d'une sagacité inouïe, il est propriétaire en ville, urbain convaincu, parisien si possible. Il a le sens de l'Histoire, d'ailleurs il a installé son fauteuil dans son sens et ne manque aucune des manies de son siècle. Le Progrès, il connaît. La Peur ? Il ignore. Le debordien Sollers, le sartrien BHL et le kantien Luc Ferry vous le diront.
Bien sûr le Ouiste a voté oui à Maastricht et constaté que, comme prévu, les salaires s'en sont trouvé augmentés, le chômage diminué et fortifiée l'amitié entre les communautés. Le votant du Oui est démocrate, modéré, heureux, bien dans sa peau, équilibré, analysé de longue date. Sa voix se mêle d'ailleurs à des gens qui, comme lui, exècrent les excès : le démocrate chrétien libéral, le chiraquien de conviction, le socialiste mitterrandien, le patron humaniste, l'écologiste mondain. Dur de ne pas être Ouiste...
Citoyens, réfléchissez avant de commettre l'irréparable !
Michel ONFRAY
J’ai reçu comme tout le monde le traité, je l’ai lu, c’était imbitable. Personne pour m’éclaircir la loi sur l’avortement à Malte (si, si) et autres fantaisies à base de centrales nucléaires. Bon, en fait, c’était un condensé pour la libre circulation du pognon, des personnes (mais qu’on reconduit quand même chez eux). Enfin, rien pour faire espérer des jours meilleurs, vu du bout de mon nez. J’ai voté non (balancez-moi des pierres virtuelles mais j'étais pas la seule...) et puis le oui est passé quand même, en force, dis-donc ! A se demander pourquoi on a voté pfff...
Aujourd’hui, je ricane... devant ce bordel monstre. Crise économique ouiiiiiiiiiiii mais gestion de merde. Je ne suis pas comptable mais jusqu’à présent mon banquier (enfin la louloute qui s’occupe de mon compte) me fout la paix (j’ai pas assez de sous pour investir et j’arrive à réfréner mes pulsions de pains spéciaux pour ne pas être systématiquement à découvert, même si le patron nous paye de plus en plus en retard). Donc, je ne suis pas comptable, mais je sais jongler.
Alors, les chefs des zétats zeuropéens, on peut savoir comment ils s’y prennent pour ruiner un pays ? Un manque de compétence sans doute ? L’appât du gain ? Oui l’euro a fait des heureux. Rappelez-vous de l’Espagne lorsqu’ils sont rentrés dans le giron européen... Bon maintenant ils déchantent. Alors à qui le tour ?
Je ricane, mais je ricane jaune... L’année dernière, plan de licenciement où je travaille (de justesse pour ma pomme grâce à ça), des amis qui sont patrons/entrepreneurs (oui je ne fréquente pas que des syndicalistes gauchos hinhinin) qui déposent le bilan ou qui ne se paient pas depuis des mois. Certains qui reprennent des boîtes avec des supers bilans mais leur banque leur refusent 3000 € pour changer un camion. Frileux les banquiers ? Ben ça dépend avec qui...
J’ai juste envie de dépecer un trader, d’étrangler un jeune banquier avec sa cravate Hermès, de leur filer ma paye en leur disant “tu te démerdes avec ça !”. Et de plonger un homme politique dans la vraie vie, dans le bus à 7h49, à se vider de son sang aux urgences, à poireauter à la caisse du supermarché et à se faire sermonner par le banquier parce qu’il se sera autorisé un restaurant et un ciné de trop dans le mois !
J’ai aussi la crainte qu’on nous demande de cracher au bassinet pour réparer leurs conneries à tous. Mais avec quoi bordel ?! Les impôts n’ont pas augmenté me direz-vous, mais en abonnée du Canard Enchaîné, les taxes diverses et variées ont explosé et les frais médicaux c’est “on soigne les pauvres et on guérit les riches”
Même les plus grands profs d’économie y perdent leur latin dans cette crise économique. Posez-leur une question comment fonctionne la Bourse, ils vous répondront : “Heu... c’est comme l’aspirine, on ne sait pas comment ça marche mais ça marche”.
Le projet de l’Europe est sorti d’une vision extatique politicienne mais en ce qui nous concerne on l’a dans le c... (et profond !)