C’est l’histoire de Boucle d’Or et de Petit Ours Brun revisitée par mon regard acéré (et blasé) en entreprise.

Vous n’avez pas de collègues pénibles ? Vous êtes en manque de ragots de cantine ? Laissez-moi vous conter la belle histoire de Boucle d'Or et de Petit Ours Brun.

Il était une fois dans une entreprise locale mais d’envergure internationale, une gentille stagiaire blonde, célibataire, diplômée en histoire de l’art roman des églises du Bas-Poitou vivant avec son chat chez sa môman à 35 ans. 

Dans cette même entreprise, travaillait une comptable d’origine portugaise ayant fait ses études à Limoges, mariée, mère d’un enfant et propriétaire (le genre qui a tout réussit si vous êtes en dehors des clous, c’est-à-dire pas comme elle).

Qui aurait pu imaginer qu’un jour ces deux êtres complètement à l’opposé se seraient liés d’amitié ?

Boucle d'Or, fraîchement recrutée après avoir donné son maximum dans l’entreprise (cirage de bottes, léchage de raie, menus services hors contrat de travail) continua non sans mal à remplir sa fonction au service production. Et oui, ses années d’études supérieures (15 ans) couplées à ses 15 ans à tiers-temps chez Quouick pour payer sa fac et ses cuites avaient quelque peu entachées sa vision du monde du travail. Du pays des bisounours (voir de baba-cool) dans lequel elle vivait jusqu’à présent, elle allait devoir se confronter aux objectifs réels, aux récriminations du chef et que ses conneries sur la ligne de production faisaient pâtir toute l’équipe.

Bienvenue dans le monde du travail ! Et c’est avec un aplomb qui n’a rien à envier à Mickaël Vendetta qu’elle avait sorti à la cantine “dites-donc, je suis quand même la plus diplômée de cette entreprise”. 

Ce à quoi, j’avais répondu : “les diplômes ne sont pas un vaccin contre la connerie”.  Entre ce qu’on apprend à l’école et ce qui se fait, y’a souvent de la marge. C’est un peu comme le permis de conduire, une fois en poche, on apprend vraiment à conduire...

Pendant ce temps, Petit Ours Brun remplissait consciencieusement les livres de comptes. 1 + 1 ayant toujours fait 2 (aux dernières nouvelles...). Si le métier de comptable n’existait pas Petit Ours Brun l’aurait inventé mais l’aurait appelé Arpagon. Celle-ci, si elle pouvait commander du Tippex à la goutte et des post-it à la feuille, elle le ferait cette rapiat (c’est pas son pognon et ce n’est pas son entreprise). Sa vie est calquée sur un emploi du temps militaire et si tout le monde pouvait faire pareil, ce serait un paradis (pour elle).

Elle fait des fiches pour savoir ce qu’elle amène en vacances et le premier sur la liste c’est... le fer à repasser ! Enfin... les vacances c’est retour au pays du ménache et non pas le pays où l’on boit du Porto !

Un aperçu de son emploi du temps ? Calqué sur celui de sa mère, et qu’elle refilera à sa fille (qui à 3 ans refaisait les dessins parce qu’elle avait débordé...) : Samedi 8h30, la petite famille est devant les portes du supermarché pour les courses de la semaine (même pas avec enthousiasme... ça s’appelle une corvée). Pendant ce temps la machine à laver tourne à la maison. 10 heures, on sort du supermarché, pendant que Maman Madame range les courses, étend la lessive, Papa Monsieur, lave la voiture. A 12h30 après manger, tout le monde est fatigué et se met en pyjama jusqu’au dimanche soir.

Des occupation ? Des passions ? En dehors de la logistique ménagère ? Hein ? Des copains, des amis, des soirées ? Où ça ? Et puis t’es fou, ça coûte des sous !

Sauf, Papa Monsieur qui exceptionnellement à droit à aller faire son PMU certains dimanches matins et boire son Ricard dominical (un ! pas deux, a dit la comptable !).

Pendant ce temps Boucle d'Or cherche à quitter le nid familial (qui lui a peut-être dit “maintenant que tu as enfin du boulot à 35 ans, tu te barres !"). Elle hésite entre la fermette à restaurer à 50 km du lieu de travail et l’appartement juste en face de sa mère. Et direct c’est pour devenir propriétaire parce que enfin elle a un CDI ! Un quoi ? un crédit ?

Elle prend donc l’appart’ dans la barre d’immeubles de la cité à côté de sa mère comme ça celle-ci continuera à lui laver son linge et s’occuper du chat. 

14ème l’appart’. Pas 14ème siècle, 14ème étage... Il ne lui plaît pas mais le plus important est de devenir propriétaire.

Maintenant que Boucle d'Or est propriétaire (nan, que je lui ai dit, tant que tu n’as pas fini de rembourser ton crédit, c’est ta banque le proprio), il lui faut un copain... han la la... Ce que ça peut être chiant une gonzesse qui cherche absolument à ce caser. Elle m’a même proposé des potes à elle avec qui ça ne l’avait pas fait.  Cette façon de faire de l’intrusion  dans la vie des autres m’insupporte... C’est pas parce je ne parle (surtout) pas de ma vie privée au boulot que je n’en ai pas. 

Et quand Boucle d'Or m’a argumenté son “produit” comme “il aime l’informatique comme toi” (parce que je travaille sur un ordinateur, quelle fine déductrice !), je lui ai répondu (ah ben non j’suis pas fine) : “Tu crois que ça m’intéresse de causer MAC OSX ou time machine sous la couette ?”. En retour elle aurait bien aimé savoir si je n’avais pas de copains potentiels à lui proposer. Je ne suis pas le catalogue de La Biroute !

Après avoir fait du calibrage avec quelques uns de nos commerciaux (Jean-Claude Convenant inside, elle n’est pas bégueule), fait du gringue aux réparateurs et aux livreurs, s’être trimballée en robe blanche transparente sans soutif (que même les mâles les plus difficiles se sont transormés en loup de Tex Avery), elle s’est enfin trouvé un copain en dehors du lieu de travail -ouf- Ah ben ça on a été vite au courant : mon copain par-ci, mon copain par-là, sauf que tout le monde s’en foutait. Alors elle a commencé à mettre des photos de lui en réseau (nan, nan pas en fond d’écran, un truc consultable par tout le monde). 

Le problème c’est qu’à force de se la jouer confidente avec tout le monde, une collègue s’en est mordue les doigts un jour. Parce que Boucle d'Or ne peut pas garder un secret. Un jour où cette collègue n’est pas venue au travail, on a su dans les 10 minutes que celle-ci avait fait une fausse couche... A partir de là, la majorité de la boîte ne lui a plus fait confiance...

Pendant ce temps, Petit Ours Brun, sans promotion aucune, commençait à se la jouer chef parce qu’elle savait où en était les comptes de l’entreprise et que nous n’étions qu’une bande de gaspilleurs (1 rouleau de scotch repositionable à l’année pour ma pomme, ouh , j’ai honte !). Elle a toujours confondu entreprise et vie privée... alors effectivement avec mes 70 paires de chaussures différentes qui narguent sa paire de cageots annuels... Elle me reluque de travers... quelle dépensière je suis... Mais j’suis pas proprio, ni mère de famille et je ne fais pas le plein de caddie toutes les semaines rien que pour les promotions connasse ! Par contre j’ai des belles godasses...

Lorsque Petit Ours Brun a fait en guise de cadeau de Noël à sa fille une place au cirque, ça lui a fait dépensé TANT. La notion et le mot PLAISIR chez cette femme n’existe pas ! Plaignons son mari !

La dernière fois qu’elle a été chez le coiffeur, c’était la semaine dernière. Elle était invitée à un mariage. L’avant dernière fois, c’était pour son mariage, il y a 6 ans. Ah ben, on est économe ou on l’’est pas. Son mari ne risque pas de la décoiffer souvent hinhinhin... Si peu qu’il arrive à la dérider. Et puis lui passer la main dans les cheveux équivaut à tremper sa papatte dans une friteuse (le shampooing c’est cher merde !).

Nous, pour nous dérider, la dernière blague en date au boulot c’est : “quelle est la différence en Petit Ours Brun et un steack haché ?”

Réponse : “ y’en a pas.. huummm Charal tout le temps !”

Version des autres services Petit Ours Brun, on l’appelle MMA “Madame Mal Aimable”. Tout ça pour vous dire que Petit Ours Brun est ressentie par tout le monde comme une collègue sympathique et enjouée... Ça donne envie de travailler chez nous. Surtout qu’elle officie aussi à l’accueil (et dans accueil, il y accueillant... raté !).

Bon, avançons un peu dans le conte : Boucle d'Or est proprio et à un copain mais n’aura pas d’enfant car à sa première journée de RTT elle s’est fait poser un stérilet (je suppose, que vous comme moi, vous vous en foutez mais voilà, y’a pas de raison, elle en a fait profité tout le monde).

Mais son copain, est-il comme elle ? Passionné par l’art roman du 12e en bas Poitou ? Bah oui, parce que si vous suivez, c’est les zinformaticiens avec les Macinstoshiennes et les maçons portugais avec les comptables ronchonnes....

Ben non, son lapin (il s’appelle Jeannot sans déconner) c’est un chauffagiste qui est tombé amoureux d’une fille complètement givrée ! Enfin, tombé amoureux... disons qu’elle lui a un peu forcé la main au lapin qui ne s’était jamais servi de sa petite queue (oui, comme on dit, c’est une première main. Très contente d'apprendre ça dans le bus à 7h30).

Lui, son truc c’est les armes à feu (en cherchant bien y’a du refoulé là-dessous). Tous les week-end il va faire de la dentelle sur des cibles avec son fusil à lunette semi-automatique. Sauf que maintenant il se sert de son bazooka de slip... Mais il n’est pas plus détendu, car lorsqu’il vient chercher sa chérie au boulot, on a l’impression qu’il est en planque dans sa camionnette, vêtu intégralement en treillis.

Et d’après ce que Boucle d'Or raconte, il se trimballe avec son flingue sur lui... On sent le mec sûr de lui, pas parano pour un sou. On a intérêt à faire gaffe à ce que l'on dit si on ne veut pas se retrouver avec une balle entre les deux yeux...

Je la crois sur parole, vu qu’elle a encore laissé des photos sur le serveur de leurs séances de tir. Et en plus de leur passe-temps (à la con, ‘tain moi les gens armés, ça me fout trop la trouille, on n’est pas aux States !), elle a mis des photos de la belle famille (maison cossue, piscine, vue imprenable sur le fleuve... mais nan c'est pas de la frime !) et puis de son appart’.

Ouh la vache ! Elle a confondu 14ème étage et 14ème siècle. Les derniers travaux : ce sont les tomettes qui se nettoient à l’huile de lin -une vraie corvée pour Petit Ours Brun- , la peinture bleue à la chaux que même son chat en garde des traces et surtout un bordel sans nom ! Les jouets du chat du sol au plafond, plus un endroit de libre pour se reposer les yeux, du linge lavé et repassé par maman sur toutes les chaises et une table de monastère pour recevoir tous ces potes de la fac à se rappeler le bon temps à siroter de la bière dans des gobelets en plastique... Chargé le F2... A l’image de son ordi au boulot...

Tout l’inverse de sa nouvelle copine Petit Ours Brun, qui a mis en vente sur le “BonCoin “son ancienne cuisine photographiée de son garage. Garage au sol récuré sans doute à l’eau de javel, sans coin bordel, limite salle de bal...

Alors comment Petit Ours Brun et Boucle d'Or se sont trouvés des affinités au point de monopoliser la cantine ? Et que plus personne ne veut y mettre son assiette en leur présence ?

Tout simplement parce que toutes les deux ont un gros cul...

Houlala, je vous vois venir avec des histoires de “j’me moque c’est trop facile, on avait dit pas le physique”. Mouais...

Petit Ours Brun et Boucle d'Or sont les premières à donner des conseils de nutrition dès qu’on fout le pied dans la salle cantine... On va pas suivre leurs conseils pourris ? J’ai pas envie d’avoir un cul en 16/9ème en me gavant de yaourt parce que le nutritionniste de l’une et le naturopathe de l’autre (des charlatans à vrai dire) leur ont conseillé des graines pour les lapins à l’une et 3 litres de fromage blanc à l’autre...

Résultat... ben heu... Continuez à engraisser vos (pseudos) toubibs... car à vue d’oeil, ils ne marchent pas vos régimes !

Quant à Boucle d'Or c’est le pompon, elle a fait venir au boulot UPS pour qu’ils transmette une prise de sang en Suisse (on n’a pas de laboratoire assez pointu en France) pour savoir enfin pourquoi (elle avait un gros cul) elle ne perdait pas de poids. Le résultat a été brutal, toute la boîte a été au courant qu’elle était atteinte d’une maladie grave : allergie aux œufs !

Faudrait qu’on m’explique comment cela ce fait qu’elle s’est goinfrée de galette des rois sans faire un œdème ? Pfffff... personne n’a relevé, sauf myself.

Quant à Petit Ours Brun qui donne des leçons de diététique en sirotant ses 3 fromages blanc à 0% à la cantine en jetant un regard inquisiteur sur ceux qui bouffent un cassoulet-ou-couscous-ou-pizza-ou plat mitonné maison pourquoi elle a 5 paquets de Pépito qu’elle boulotte en douce dans son tiroir ? !!! (les promotions de Carrouf bordel, c’est pas cher on achète !) . Boucle d'Or, ce sont des sachets entiers de MMS qui remplissent son tiroir. Mais sur le bureau, ça regorge de potions de d’homéonaturapathe à base de plantes....

Comme maintenant tout le monde se fout de la vie privée de Boucle d'Or et que elle, ça l’emmerde qu’on ne lui pose pas de question, elle nous distille quelques anecdotes détournées. Exemple : “ Hou c’est rigolo, avec tous les jouets que je laisse à mon chat, il me ramène mes strings dans le salon”.

Comprendre : oui je porte des strings (nous on interprète, mais des strings en 48 ça existe , ça s’appelle des lance-pierres ?).

Un autre exemple ? “je vous conseille le Relais des 2 Tours, c’est pas donné-donné, mais avec Jeannot, on s’est retrouvés avec une chambre avec un jaccuzi”. Comprendre : son tireur d’élite lui a offert un week-end histoire de l’art dans le Bas-Poitou mais la véritable attraction c’était de se trombonner son culbuto dans le jaccuzi”

Boucle d'Or n’a toujours pas percuté qu’elle travaillait en entreprise. Elle mélange vie privée et vie professionnelle. Elle a toujours des maladies graves et bizarres. La dernière en date, c’est : “Je ne peux pas rester une demie heure assise à cause de ma circulation sanguine, c’est mon naturopathe qui me l’a conseillé.”. Donc elle va papoter à droite et à gauche (j’ai compté, 1h10 à se trimballer rien que le matin). Les bas de contention tu connais, connasse ? 

Une autre ? “J’ai une maladie rare, qui fait que lorsque je ne suis pas assez hydratée les os du crâne se resserrent et j’ai des migraines”.

Ça s’appelle de la déshydratation, tout le monde a cette maladie. Faut boire. De l’eau. La fontaine est dans l’entrée.

Et Petit Ours Brun avec ses conseils de consommation, c’est limite s’il ne faudrait plus tirer la chasse d’eau au boulot alors qu’elle se prend un bain tous les soirs pour se relaxer du boulot (mais pas de shampooing hein). C’est aussi elle, en comptable irréprochable, qui s’est mélangée les crayons entre les francs et les zeuros et à plombé l’entreprise début 2002 !

Heureusement qu’elle n’officie pas en tant que secrétaire parce qu’elle ne maîtrise pas notre langue. Des exemples ? “Je n’ai jamais vu un robinet fuyer autant” (du verbe fuiter ?). “Je sais pas comment qu’on fait avec la personne que je sais pas c’est qui” . Paix à ton âme, Bescherelle...

Et pour terminer, je ne vous dirais pas "elles se marièrent et eurent beaucoup d’enfants", parce que pour Petit Ours Brun je souhaite beaucoup de courage à sa fille unique et surtout qu’elle se fasse une crise d’adolescence meuh-meuh pour que sa mère réalise enfin que tout ce qu’elle a apprit et ce qu’on lui a dit, peut être remis en question... Nan mais pourquoi se poser des questions quand on a une vie aussi linéaire qu’une tringle à rideaux ?...

Pour Boucle d'Or, j’aurais aimé qu’elle se reproduise rien que pour avoir 3 mois de silence dans le service. Vous en avez vous des collègues qui rigolent à chaque fin de phrase, version sitcom TF1 ?

Et bien sûr que je m’en fous de leur façon de vivre, tant soit peu qu’on ne s’immisce pas dans la mienne. Que l’une continue de faire la gueule parce que rien n’est fachile dans la vie (et championne pour se la pourrir toute seule) et l’autre de glousser comme une dinde parce que le boulot dans ces conditions c’est trop fun et ce soir y’a encore apéro avec les copains d’avant... je m’en bats les couettes !

Mais y’a pas de une morale à ce conte ? Non, parce que Petit Ours Brun et Boucle d'Or s’envoient des mails pour dénigrer le boulot de la déléguée du personnel (celle qui s’est battue pour leur avoir un local cantine que tout le monde a déserté à cause de leurs réflexions à la con). Et quand je dis dénigrer le mot est faible... Et que pour vouloir faire du tord à une collègue encore faudrait-il maîtriser l’outil informatique...

Et la déléguée, c’est moi... Championne pour intercepter les mails et faire des copies d’écran... on ne sait jamais, en cas de grabuge, ça peut servir...

Depuis que a ville a décidé de péter toutes les rues pour nous installer le tram (en 2013 hinhinhin) et de supprimer les pistes cyclables pour en faire des couloirs de bus, je prends les transports en commun pour aller au taf. Et qui dit bus, dit horaires réguliers et personnages récurrents.

Déjà à l’arrêt de bus, c’est une majorité de djeunes, pantalon slim et mèche cartonnée par le gel qui attendent portable à la main et qui bien trop absorbés par leurs sms bousculent tout le monde pour entrer dans le bus. (Si je fais "vieille conne" arrêtez-moi tout de suite !).

Premier arrêt : c’est là que Miss “Han Comment j’suis trop belle” monte. Elle lance un “Aïe” (à l’américaine “Hi”) à ses copines avec un petit signe de la main très Miss France. Neige, pluie, canicule, elle est toujours avec ses petites ballerines en plastique et tortille du cul dans son slim déchiré et son sac Lancel à la pliure du coude pour atteindre le poulailler au fond. Et là c’est parti pour 10 minutes de gloussements et de “Han comment c’est trop”, “Han comment j’le crois trop pas”. “Han comment j’lai trop pourri”. Et “Han comment elles pourraient trop pas fermer leurs gueules les pintades en sting” ? 

Changement de bus, et à l’arrêt pêle-mêle on retrouve :

- les zétudiantes de la section couture en robe à paillettes, chaussettes de montagne dans des sandales de 15 cm de haut, plumes dans les cheveux qui se prennent pour des mannequins ou stylistes en devenir. Comme tous les mannequins elles font la gueule. C’est sûr que moi aussi je ferais la gueule si je devais mettre des grosses chaussettes dans des sandales parce achetées trop grandes sans doute...

-  les neuneus des zateliers protégés qui se foutent des baffes pour rigoler et des fois ça dégénère en bagarre générale.

- les collégiens qui doivent avoir “sport” tous les jours en jogging toute l’année. J’aurais l’impression d’aller à l’école en pyjama mais bon... 

- ceux qui ne savent pas lire que le portable est interdit dans le bus et c’est ainsi que tout le monde est au courant que “Mylène a trop pourri Jérémie” “ et que “Nan ma mère elle veut pas que je prend (?!) le bus la nuit”. Les bienfaits des programmes de TF1 sans doute expliquant les lacunes en matière de vocabulaire chez les scolaires...

Bon au retour c’est pas mieux :

- les deux mamies (dont une est en chemise de nuit sous son manteau) demande à sa copine ce qu’il lui est arrivé depuis deux jours qu’elle ne l’a pas vue dans le bus. L’autre lui explique bien fort  que c’est à cause de sa descente d’organes (j’ai failli gerber).

- les gamins qui se la jouent banlieue en hélant leurs copains/ copines à coup de “Enculé, Salut, ça va enculé ?" 13 ans au compteur, ça fait peur hein enculé ?

Ceux qui restent devant les portes de sortie et qui feintent le croche-pied pour vous faire tomber. Et quand on se retourne pour leur infliger un regard noir, ils enlèvent leurs écouteurs, l’air de rien “Heu mais j’ai rien fait !” Ceux qui écoutent du rap/techno à fond et suivent le rythme à grands coups de pompes dans votre dossier. Et quand on leur demande d’arrêter-sitoplé-merci “C’est pas moi !” Ceux qui allongent leurs baskets dégueux sur le siège en face, à l’aise pour regarder une vidéo sur leur portable. Tu veux des pop-corn aussi ? 

Ceux qui baillent, qui toussent, qui éternuent sans mettre leur mimine devant la bouche. Oh, mais quel beau percing lingual ! On peut me rappeler à quoi ça sert cette petite boule de métal quand on a 14 ans ? A part se préparer à avoir des implants à 30 ans pour remplacer les ratiches abimées par le frottement du métal sur l’émail... (ben wé). C’est comme le tatouage en bas des reins, faudra oublier la péridurale, jeune fille...

Du coup, je ne vois pas passer la demie-heure de trajet. 

Pour continuer avec les comportements des radins-près-de-leurs-sous, je serais plutôt à ranger dans la catégorie “je ne suis pas à 1 euro près”.

Mais faudrait pas pousser Cassiopée dans les oursins que certains ont dans leurs poches.

J’ai une amie qui a été élevée avec l’adage “il n’y a pas de petites zéconomies”. A tel point que lorsqu’elle va manger chez ses parents et que ceux-ci lui ont demandé de ramener une baguette, ils la dédommagent. Pour situer le contexte, ils possèdent une propriété dans le quartier chicos plus deux ou trois appart’. La dernière fois que j’ai déjeuné chez eux, la soupière grand siècle était de sortie avec un bouillon de poule en cube et trois vermicelles dedans. On a pu déguster de la terrine Lideul avec nos couverts en argent.

On pourrait croire qu’ils en bavent pour payer les traites de leurs biens immobiliers hein ? Mais non car ils revenaient d’un voyage en Thaïlande et j’avais un petit souvenir bien emballé dans mon assiette : tous les échantillons et produits ramassés méticuleusement dans les hôtels et l’avion. C’est VRAIMENT trop gentil de leur part...

C’est comme la copine chez qui j’ai amené une bonne bouteille de Bourgogne et qui sert du Pol Rémy. 

Et comme celle qui n’a jamais une thune (la malheureuuuuuse) à qui on offre le restau (une fois, deux fois...) et à la troisième vous sort le dernier appareil photo qu’elle s’est offert (soit l’équivalent de deux mois de votre salaire + les économies sur les restos pour les accessoires).

Dans les entreprises en fin d’année, les cadeaux de prestataires affluent (chocolat, champagne, calendriers etc). Et bien ma saloperie de chef du service a distribué les calendriers et les chocolats mais a remisé par devers lui la bouteille de tchamp’. Je le soupçonne d’atteindre un événement perso (bientôt père) pour nous la sortir... Yapa de petites zéconomies ! Et comme il est généreux il m’a donné la belle boîte d’emballage dans laquelle j’ai trouvé au fond d’autres chocolats (que j’ai gardé pour MA gueule, non mais !).

Mon proprio aussi qui a juré-craché sur sa Mercedes dernier modèle que la réparation du volet extérieur c’est pour ma tronche. Ok, alors quand je partirais j’embarque la fenêtre ? Lui et son coefficient de roublardise, je l’attends quand il va falloir changer l’antenne de TV...

Je crois que j’ai des leçons à prendre avec ces gens-là si je veux tenir le cap de mes petites finances... Comme faire UNE SEULE quiche lorraine pour 8 personnes pour une pendaison de crémaillère et nous remercier par la même occasion d’avoir aidé au déménagement de la cave (400 bouteilles !) et boire de la flotte !

J’espère, tout comme moi, que ça commence à vous énerver...

A moins que vous ne faisiez partie de ceux qui font des économies de chauffage dans la maison de campagne car celle-ci n’est pas encore prise en compte par votre fils qui travaille à EDF !

Récemment j’ai eu deux places pour un salon en VIP (je ne cours pas après ce genre de promo et j’étais pas peu fière de pouvoir inviter les copines). Toutes n’étant pas disponibles mais plutôt contentes que je pense à elles, j’appelle la dernière sur la liste à savoir madame-yapa-de-petites-zéconomies et un-sou-est-un-sou.

Plutôt que de me remercier, elle commence par limite m’engueuler : “ouais tu te rends pas compte, j’vais pas me lever à 9 heures du mat’ un dimanche, en plus j’ai pas envie de faire de la dégustation (de chocolat) intensive, c’est un coup à être malade etc, etc...” . Je n’insiste pas, mais ça m’emmerde de ne pas pouvoir en faire profiter quelqu’un. Et là elle me propose de téléphoner à sa copine Corinne (Miss Pol Rémy). Nan, ça va pas me le faire du tout, je préfère embarquer avec moi quelqu’un d’intéressé par le salon et pas par les 4 € d’économies. Groumpht...

Deux jours plus tard, je lui laisse un message sur le répondeur (en sachant pertinemment qu’elle me rappellera pas ah bah oui tout est cher ma bonne dame) car je me rends à Perpète-la-Galette chez le fabriquant de bigniou pour nouveau-né. Sachant qui lui en fallait un aussi pour sa petite nièce, je me propose de lui ramener. 

Sur le site internet du fabriquant, l’engin est à 18 €. Pas de problème elle est bien contente (ça lui évitera un déplacement au prix de l’essence hein ?) et je peux compter sur elle, elle rédige son chèque immédiatement.

Arrivée sur place, le bigniou est à 12 €. D’après vous, j’ai fait quoi ?

Mes voisins, ce charmant couple de quadra, profs tous les deux tambourinent contre le mur dès que je fais un feu de cheminée... Oui, j’ai une cheminée, moi et je m’en sers. Z’avaient pas qu'à boucher la leur, ils auraient tout loisir balancer des bûches jusqu’à des 22 heures (hanlala un vendredi soir en période de congés scolaires). 

Seulement au lieu de venir se plaindre tout de suite, ils attendent une bonne semaine et viennent me faire la remontrance avec leur ton de prof (un jour ils vont me filer une colle ces abrutis). Il est vrai que parfois, j’exagère, j’invite des amis chez moi et on parle, il nous arrive même de rire. 

Ce n’est pas supportable pour des gens qui attendent les vacances de la Toussaint pour se reposer de celles d’été. Je vous assure, ils marchent comme des zombies le deuxième jour de la rentrée. Et on peut difficilement les plaindre quand on connaît les établissements dans lesquels ils officient (plutôt prout-prout que zyva). 

Le problème c’est qu’ils emmerdent tous les voisins du quartier, allant même jusqu’à houspiller une retraitée qui faisait sa vaisselle à 21 heures. Allant demander le calme au papy qui ponçait dans son garage sous prétexte qu’ils ont un travail intellectuel...(Sous-entendu les manuels sont des cons ?) Qu’est-ce qu’on y peut d’avoir des maisons mitoyennes ? Faut-il instaurer un couvre-feu pour que ces deux neurasthéniques puissent récupérer de leur semaine qui commence le mardi matin et se termine le vendredi midi -avec une pause le mercredi- ?

Par contre ce qu’ils n’ont pas “calculé” c’est que leur saloperie de clébard n’arrête pas d’aboyer et que leur fille chérie unique fait des fêtes plutôt bruyantes (bris de verre dans la rue, pluie de capsules de bières et hurlement à 4 heures du mat) dès qu’ils partent en week-end ou en vacances (et c’est souvent hinhinhin...).

Un jour après avoir ravalé ma hargne parce que pour la énième fois ils tapaient contre le mur, j’ai pris mon plus beau sourire pour aller m’excuser de faire tant de raffut. C’est elle qui m’accueille (avec un bras dans le plâtre... Ca c’est le problème quand on a un travail intellectuel, on se pète la gueule en voulant ramasser des pommes !).

Et là sur le pas de la porte, je déballe mon petit couplet :

- je suis consciente de faire du bruit avec la cheminée mais jamais après 22 heures. Par contre je tenais à vous signaler que votre chien aboie sans relâche dès que vous partez et que je ne tape pas dans le mur pour lui demander de fermer sa gueule. Quant à votre fille, je n’ai rien contre le fait qu’elle fasse des fêtes à démonter le quartier, c’est de son âge, mais la moindre des politesses c’est de prévenir les voisins. Ca fait quand même deux jours de suite (en semaine) que je me fais réveiller brutalement par des ados alcoolisés qui chantent “les bourgeois c’est comme les cochons”.

 - Alors je veux bien être tolérante, mais la tolérance ça marche dans les deux sens. 

Elle, déconfite parce qu’apparemment sa descendance âgée de 16 ans n’avait pas moufté que la maison familiale faisait open-bar et karaoké dès que les parents avaient le dos tourné, bégaye que ben heu...ils vont faire le nécessaire et que merci de nous avertir que la p’tite Marion que heu... Bref j’ai cru qu’elle allait pleurer... Et pendant ce temps, je voyais planqué derrière l’escalier son dégonflé de mari qui n’osait pas intervenir. Zéro pointé en participation !

Voilà, ça c’est fait !